đ°đ RĂ©formes successives de l'assurance chĂŽmage : quelles consĂ©quences sur les finances perso?
#7 - Tout comprendre de la baisse des indemnités chÎmage
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JâespĂšre que vous ĂȘtes toutes et tous en forme đȘ ! Ravi de vous retrouver cette semaine pour Ă©voquer un thĂšme dâactualitĂ© : la rĂ©forme de lâassurance chĂŽmage et, plus prĂ©cisĂ©ment, ses consĂ©quences sur les finances personnelles des demandeurs dâemploi.
Dans cet article, vous comprendrez comment sont Ă©laborĂ©es les rĂšgles du rĂ©gime dâassurance chĂŽmage et comment ces rĂšgles ont Ă©voluĂ© (souvent de maniĂšre dĂ©favorable) durant ces derniĂšres annĂ©es. Vous saurez Ă©galement comment calculer les indemnitĂ©s chĂŽmage perçues en cas de rupture dâun contrat de travail aprĂšs le 1er fĂ©vrier 2023. Enfin, je vous expliquerai pourquoi ces rĂ©formes pourraient avoir un impact nĂ©gatif sur la crĂ©ation dâentreprise en Franceđ«đ·.
RĂ©sumĂ© de lâarticle
Le taux de chĂŽmage est un sujet rĂ©current dans lâactualitĂ© mĂ©diatique et politique. Câest particuliĂšrement le cas en cette fin dâannĂ©e avec lâannonce dâune Ă©niĂšme rĂ©forme des rĂšgles dâindemnisation applicables Ă compter du 1er fĂ©vrier 2023.
Une rĂ©forme de plus đ qui ne facilite pas vraiment la comprĂ©hension des rĂšgles dâindemnisation et lâimpact de celle-ci sur les finances personnellesđ° des demandeurs dâemploi actuels et futurs.
Pourtant, ces rĂ©formes se traduisent par des baisses dâindemnisation pouvant atteindre 40%đ! Outre les consĂ©quences sur le pouvoir dâachat des demandeurs dâemploi, ces nouvelles rĂšgles risquent Ă©galement de pĂ©naliser les crĂ©ations dâentreprise.
Si vous voulez tout comprendre du sujet, câest par ici ! đ
Commençons par âun peu de cultureâ sur lâassurance chĂŽmage, ça vous aidera Ă briller en soirĂ©e đ mais pas uniquement : vous pourrez aussi mieux comprendre les dĂ©bats politiques et mĂ©diatiques autour du sujet.
đ Comment sont Ă©laborĂ©es les rĂšgles du rĂ©gime dâassurance chĂŽmage ?
Lâassurance chĂŽmage est, avant toute chose, une assurance contre la perte dâemploi. Elle fut mise en place en dĂ©cembre 1958 par un accord conclu entre le Conseil National du Patronat Français (qui deviendra le Mouvement des entreprises de France - MEDEF - en 1998) et trois organisations syndicales salariĂ©s (CFTC, CGC et CGT-FO).
Il sâagit donc dâun rĂ©gime dit conventionnel : ce nâest pas lâEtat qui est Ă la tĂȘte de ce rĂ©gime mais les Partenaires Sociaux (reprĂ©sentants patronaux et salariĂ©s) qui se rĂ©unissent au sein dâune instance de gouvernance nommĂ©e UnĂ©dic.
A travers lâUnĂ©dic, les reprĂ©sentants patronaux et salariĂ©s dĂ©finissent les conditions dâaffiliation, dâindemnisation et les modalitĂ©s de financement du rĂ©gime en se rĂ©unissant pĂ©riodiquement pour nĂ©gocier (en moyenne tous les quatre ans). LâEtat intervient quant Ă lui pour rendre obligatoires les rĂšgles issues de la nĂ©gociation auprĂšs de lâensemble des entreprises françaises.
On peut donc noter que :
đ Les indemnitĂ©s chĂŽmages ne sont pas des aides publiques financĂ©es par lâimpĂŽt (ce nâest plus tout Ă fait vrai depuis 2018)
đ l'Assurance chĂŽmage ne fait pas partie du systĂšme de âSĂ©curitĂ© Socialeâ français đ«đ·
đ Le Parlement français ne vote pas les rĂšgles du rĂ©gime dâassurance chĂŽmage
Comment est financĂ© le rĂ©gime dâassurance chĂŽmage đ°?
Initialement, et jusquâen 2018, le rĂ©gime Ă©tait financĂ© par des cotisations prĂ©levĂ©es sur les salaires de lâensemble des salariĂ©s français. En 2018, le taux Ă©tait alors de 6,45% du salaire, (2,40% prĂ©levĂ©es sur le salaire des salariĂ©s et 4,05% supportĂ©s par lâemployeur).
đšPour ĂȘtre tout Ă fait exact, les cotisations chĂŽmage ne sont plus dues sur les fractions de salaire supĂ©rieures Ă 4 fois le montant du plafond de sĂ©curitĂ© sociale, soit 13 712 euros brut mensuel en 2022. Ăa fait dĂ©jĂ beaucoup đ.
Courant 2018, la cotisation salariale (de 2,40%) a été supprimée et remplacée par une hausse de la CSG (contribution sociale généralisée).
đĄCe point nâest pas anecdotique car cela signifie que lâEtat finance dĂ©sormais directement une partie de lâAssurance ChĂŽmage (environ 1/3 de son budget) par de lâimpĂŽt prĂ©levĂ© sur lâensemble de la population, et non uniquement sur les salariĂ©s.
Cela ouvre donc la voie Ă un changement de conception du rĂ©gime dâassurance chĂŽmage : il ne sâagirait plus dâune assurance dans laquelle les bĂ©nĂ©ficiaires seraient couverts proportionnellement Ă leurs cotisations mais dâun rĂ©gime dâassistance dans lequel les prestations seraient versĂ©es aux individus qui en ont besoin.
ConcrĂštement, comme lâensemble de la population française paie de la CSG, chaque citoyen pourrait bĂ©nĂ©ficier, en thĂ©orie, dâallocations chĂŽmage. Cela nâaurait Ă©videmment pas de sens pour des retraitĂ©s. Cependant, câest dans cette logique quâune couverture chĂŽmage a Ă©tĂ© mise en place pour les travailleurs indĂ©pendants en 2019. Câest plutĂŽt une bonne chose, mĂȘme si lâindemnitĂ© est relativement faible (pour davantage dâinformation sur le sujet, vous pouvez cliquer sur đ ce lien).
A lâinverse, dans le cadre dâun rĂ©gime dâassistance, les sommes touchĂ©es sont gĂ©nĂ©ralement forfaitaires (sans rapport avec le niveau de cotisations) et plus faibles car elles visent Ă couvrir les besoins de base des bĂ©nĂ©ficiaires et non Ă compenser une perte de salaire.
đ Ă titre d'exemple, en Grande-Bretagne, une personne au chĂŽmage de plus de 25 ans touche au maximum 74,70 ÂŁ (soit environ 87 euros) par semaine1. Nous n'en sommes bien Ă©videmment pas Ă ce niveau mais c'est la direction que nous pourrions prendre, au moins de maniĂšre partielle.
LâidĂ©e ici nâest pas de porter de jugement sur lâopportunitĂ© dâune telle rĂ©forme mais simplement de vous en expliquer les consĂ©quences potentielles.
Comment les rĂšgles de lâassurance chĂŽmage sont-elles votĂ©es đ€?
Pour que de nouvelles rĂšgles soient dĂ©cidĂ©es, les reprĂ©sentants patronaux et syndicaux doivent se mettre dâaccord sur un texte. Tous les salariĂ©s français ont donc âleur mot Ă direâ sur la maniĂšre dont le rĂ©gime est gĂ©rĂ©, par la voix de leurs reprĂ©sentants syndicaux.
Comment précisément ?
Lors de la tenue dâĂ©lections des reprĂ©sentants du personnel au sein des entreprises (pour Ă©lire les membres du CSE), les salariĂ©s sont amenĂ©s Ă voter pour des listes prĂ©sentĂ©es par des syndicats. Lorsque lâon vote pour une liste syndicale, on vote Ă la fois pour les personnes prĂ©sentes sur cette liste et pour le syndicat.
Ensuite, de maniĂšre schĂ©matique, on regarde le score rĂ©alisĂ© par lâensemble des syndicats sur lâensemble des Ă©lections qui se sont dĂ©roulĂ©es au sein des entreprises françaises sur une pĂ©riode de 4 ans pour dĂ©terminer le âpoidsâ de chaque organisation syndicale. Depuis 2021, voici la composition du paysage syndical au niveau national :
- la Confédération française démocratique du travail (CFDT) : 31,01 % ;
- la Confédération générale du travail (CGT) : 26,59 % ;
- la Confédération générale du travail-Force ouvriÚre (CGT-FO) : 17,64 % ;
- la Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) : 13,77 % ;
- la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) : 11,00 %.
đš Il existe Ă©galement des rĂšgles permettant dâĂ©valuer la reprĂ©sentativitĂ© des organisations patronales. Actuellement, le MEDEF pĂšse 66,33%, la ConfĂ©dĂ©ration des Petites et Moyennes Entreprises (CPME) 28,64% et lâUnion des entreprises de proximitĂ© (U2P) 5,03%.
Ok, mais pourquoi câest utile de nous dĂ©tailler tout ça?
Je vous explique tout ça car, pour quâun accord soit trouvĂ© et que de nouvelles rĂšgles puissent ĂȘtre appliquĂ©es, il faudra a minima la signature dâorganisations syndicales pesant au moins 30% et quâil nây ait pas dâopposition formulĂ©e par des organisations syndicales pesant plus de 50% (idem cĂŽtĂ© patronal).
đ CĂŽtĂ© patronat, cela signifie que le MEDEF peut conclure seul un accord ou sâopposer seul Ă la signature dâun accord (lâavis de cette organisation est donc essentiel)
đ CĂŽtĂ© salariĂ©s, cela signifie que la CFDT peut conclure seule un texte, sauf si les trois autres plus âgrosâ syndicats sây opposent.
Les organisations patronales et syndicales françaises ont donc un pouvoir important dans la dĂ©termination des rĂšgles dâassurance chĂŽmage.
Que se passe-t-il maintenant si les organisations syndicales et patronales nâarrivent pas Ă se mettre dâaccord sur de nouvelles rĂšgles? đ€·ââïž
Dans ce cas (qui demeure rare), câest lâEtat qui fixe, par dĂ©cret, les rĂšgles du rĂ©gime dâassurance chĂŽmage. Et câest ce qui se passe actuellement.
LâĂ©volution des rĂšgles dâassurance chĂŽmage sous lâimpulsion de lâEtat đ«đ·
En 2018, les partenaires sociaux Ă©taient invitĂ©s Ă prendre des mesures visant Ă redresser la situation financiĂšre de lâAssurance chĂŽmage qui accusait un dĂ©ficit annuel de 3 milliards dâeuros en moyenne depuis 10 ans. La dette cumulĂ©e sâĂ©levait alors Ă 35,5 milliards dâeuros (la crise sanitaire a ensuite lourdement aggravĂ© la situation).
Malheureusement, les partenaires sociaux nâont pas trouvĂ© de terrain dâentente. LâEtat fixe donc, depuis 2019, les rĂšgles de fonctionnement du rĂ©gime dâassurance chĂŽmage et ce, jusquâĂ fin 2023 (les partenaires sociaux devant ouvrir une nouvelle phase de nĂ©gociation en 2023 pour fixer de nouvelles rĂšgles applicables Ă compter de 2024).
Dans ce contexte, les rĂšgles dâindemnisation sont donc bien plus susceptibles de varier en fonction de la sensibilitĂ© politique du gouvernement.
Depuis 4 ans, la mĂ©thode de calcul des indemnitĂ©s chĂŽmage a dâailleurs connu dâimportantes Ă©volutions. On peut citer les exemples suivants :
la moyenne des salaires servant de base au calcul des indemnités chÎmage est prise désormais sur 24 mois au lieu de 12 mois
la prise en compte des pĂ©riodes ânon travaillĂ©esâ dans le calcul du salaire moyen
la mise en place dâune indemnitĂ© dĂ©gressive aprĂšs six mois dâindemnisation (de 30% maximum) si la moyenne des salaires prĂ©cĂ©dant la pĂ©riode de chĂŽmage Ă©tait supĂ©rieure Ă 4 700 euros bruts
GrĂące Ă ces nouvelles rĂšgles, lâEtat espĂšre remettre les comptes de lâUnedic dans le vert. Et cela semble bien parti puisque lâUnedic anticipe des soldes excĂ©dentaires de plus de 4 Milliards dâeuros par an de 2022 Ă 20242.
Si le volet financier semble sâamĂ©liorer, cela nâempĂȘche pas le gouvernement de poursuivre ses rĂ©formes : suite au vote de la loi âportant mesures d'urgence relatives au fonctionnement du marchĂ© du travail en vue du plein emploiâ par le Parlement, le Ministre du Travail, a prĂ©sentĂ©, le 21 novembre 2022, les grandes lignes dâune nouvelle rĂ©forme qui sâappliquera du 1er fĂ©vrier 2023 au 31 dĂ©cembre 2023.
Son objectif : amĂ©liorer le taux de retour Ă lâemploi des chĂŽmeurs via le raccourcissement de la durĂ©e dâindemnisation de 25% lorsque le marchĂ© de lâemploi est jugĂ© en bonne santĂ© et rĂ©duire les pĂ©nuries de main-dâoeuvres auxquelles les entreprises font face.
Une rĂ©forme de plus qui vient complexifier la lecture des rĂšgles de lâassurance chĂŽmage. đ€Żđ€Żđ€Ż
Je vous propose donc de regarder en dĂ©tails les incidences pratiques de lâensemble des derniĂšres rĂ©formes de lâassurance chĂŽmage.
đą Comment calculer le montant des indemnitĂ©s chĂŽmage?
Pour illustrer le propos, nous prendrons lâexemple de Martinđ§, salariĂ© depuis 4 ans dans son entreprise qui touche une rĂ©munĂ©ration mensuelle de 4 000 euros bruts.
Il souhaite savoir sâil pourra toucher des indemnitĂ©s chĂŽmages Ă lâissue de son contrat et le montant de ces derniĂšres.
â Quelles conditions remplir pour bĂ©nĂ©ficier de lâassurance chĂŽmage?
Le site de lâUnĂ©dic rĂ©sume lâensemble des conditions Ă remplir :
avoir Ă©tĂ© salariĂ© au moins 6 mois (soit 130 jours travaillĂ©s ou 910 heures travaillĂ©es) au cours des 24 derniers mois (36 derniers mois pour les salariĂ©s ĂągĂ©s dâau moins 53 ans Ă la date de fin de leur dernier contrat de travail). Cette condition pouvant ĂȘtre remplie avec un ou plusieurs contrats, chez diffĂ©rents employeurs.
avoir involontairement perdu son emploi (licenciement - quel que soit le motif- , fin de CDD ou de mission d'intĂ©rim, ou rupture anticipĂ©e Ă lâinitiative de lâemployeur) ou avoir perdu son emploi dans le cadre dâune rupture conventionnelle ou dâune rupture dâun commun accord
sâinscrire Ă PĂŽle emploi dans les 12 mois qui suivent la perte de son emploi
rechercher activement un emploi ou accomplir une action de formation
ne pas ĂȘtre en mesure de prendre sa retraite Ă taux plein ou de bĂ©nĂ©ficier
dâune retraite anticipĂ©e
ĂȘtre physiquement apte Ă travailler
habiter en France
đš La dĂ©mission (ou la dĂ©mission prĂ©sumĂ©e suite Ă lâabandon de son poste), nâouvre gĂ©nĂ©ralement pas droit aux versements dâindemnitĂ©s chĂŽmage. Cependant, certaines situations de dĂ©mission peuvent tout de mĂȘme vous permettre dâĂȘtre indemnisĂ©. Pour les connaĂźtre je vous invite Ă cliquer sur đ ce lien.
Martinđ§ quittant son entreprise par le biais dâune rupture conventionnelle, il pourra bien prĂ©tendre au versement dâindemnitĂ©s chĂŽmage!
𧟠Le calcul des indemnités chÎmage
Nous allons procĂ©der par Ă©tape pour calculer lâindemnitĂ© journaliĂšre nette que Martin percevra Ă lâissue de son contrat prĂ©vue le 28 fĂ©vrier 2023.
Etape 1 : la dĂ©termination du salaire journalier de rĂ©fĂ©rence (SJR). Pour calculer ce SJR, il convient de prendre la somme de lâensemble des rĂ©munĂ©rations perçues durant les 24 derniers mois (ou 36 derniers mois pour les plus de 53 ans) prĂ©cĂ©dant le dernier jour du dernier contrat de travail.
đš Jâaborde ici les grands principes du calcul du salaire de rĂ©fĂ©rence. Si vous voulez rentrer davantage dans le dĂ©tail, je vous invite Ă consulter đ ce lien
Martin a gagné 4 000 euros durant les 12 derniers mois et 3 600 euros durant les 12 mois précédents. Regardons ce que cela donne en chiffres :
đ Salaire journalier de rĂ©fĂ©rence (SJR) = salaire des 24 derniers mois / 730
Ce qui dans le cas de Martin, aboutira au calcul suivant :
đ SJR Martin = (4000 x 12) + (3600 x 12) / 730 = 124,93 euros
đšAvant la rĂ©forme, le SJR de Martin aurait Ă©tĂ© de 131,51 euros car il Ă©tait calculĂ© sur la moyenne des 12 derniers mois. GrĂące aux augmentations annuelles des salaires, cette moyenne Ă©tait gĂ©nĂ©ralement plus avantageuse.
Etape 2 : calcul de lâindemnitĂ© journaliĂšre brute perçue par Martin
Pour ce faire, nous retiendrons le montant le plus avantageux en comparant le résultat des deux formules suivantes :
SJR x 57% soit dans le cas de Martin đ 124,93 x 57% = 71,21 euros
SJR x 40,4% + 12,47 soit ici đ 124,93 x 40,4% + 12,47 = 62,94 euros
Nous retiendrons donc le montant de 71,21 euros brut par jour.
đšAvant la rĂ©forme, lâindemnitĂ© journaliĂšre brute de Martin aurait Ă©tĂ© de 74,96 euros, soit une baisse de 5% du montant de ses droits
Etape 3 : calcul des charges sociales dues sur lâindemnitĂ© journaliĂšre brute :
3 % du SJR pour la retraite soit 124,93 x 3% = 3,74 euros
6,7 % de CSG/CRDS sur 98,25% de lâindemnitĂ© brute soit 71,21 x 98,25 % x 6,7 % = 4,69 euros
đš Ces taux ne sont pas applicables Ă toutes les situations car il existe des seuils dâexonĂ©rations lorsque lâindemnitĂ© journaliĂšre versĂ©e est faible. Pour connaĂźtre toutes ces rĂšgles, je vous invite Ă consulter đ ce lien
Au total, Martin touchera une indemnité journaliÚre nette avant impÎt de :
đ IndemnitĂ© nette avant IR = 71,21 euros - 3,74 - 4,69 = 62,78 euros (au lieu de 66,09 euros avant la rĂ©forme de 2019).
TrĂšs bien!
đš Je nâaborde pas ici la date Ă partir de laquelle les droits seront versĂ©s (et le calcul de la pĂ©riode de carence). Pour comprendre ce point, je vous invite Ă lire đ cet article.
Regardons maintenant durant combien de temps cette indemnitĂ© va ĂȘtre versĂ©e.
Martinđ§ayant moins de 53 ans, la durĂ©e maximale de son indemnisation sera de 730 jours (2 ans) si la situation du marchĂ© du travail est jugĂ© âmauvaiseâ.
Mais, si la situation du marchĂ© du travail est jugĂ©e âbonneâ, la durĂ©e de son indemnisation sera rĂ©duite de 25%! Câest lĂ toute la nouveautĂ© de la rĂ©forme qui concernera toutes les personnes dont le contrat a pris fin Ă partir du 1er fĂ©vrier 2023. Martin est donc concernĂ©.
Comment savoir si la situation du marchĂ© du travail est âbonneâ? đ€
Selon les dĂ©clarations du Ministre du Travail, la situation du marchĂ© du travail sera jugĂ©e bonne si le taux de chĂŽmage en France est infĂ©rieur Ă 9% et si nous ne connaissons pas dâaugmentation dâau moins 0,8 points de ce taux sur un mĂȘme trimestre.
Il faudra donc maintenant suivre les statistiques publiĂ©es par lâINSEE pour connaĂźtre le montant de ses indemnitĂ©s chĂŽmages đ€.
Au troisiĂšme trimestre 2022, ce taux de chĂŽmage est de 7,1% (đ Ă©tude INSEE T3 2022), en baisse de 0,3 points par rapport au second trimestre 2022. (đ Ă©tude INSEE T2 2022). Il est donc peu probable que la situation se dĂ©grade spontanĂ©ment et que le taux de chĂŽmage dĂ©passe les 9% dâici la fin du contrat de travail de Martin.
Martinđ§ percevra donc une indemnitĂ© nette de charges de 62,78 euros par jour durant 18 mois (au lieu de 24 mois avant la rĂ©forme du 1er fĂ©vrier 2023). Cela reprĂ©sente donc:
đ 548 jours (ou 18 mois) x 62,78 ⏠= 34 403 âŹ
Avant les réformes successives de 2019 et 2023, le montant aurait été le suivant :
đ 730 jours (ou 24 mois) x 66,09 ⏠= 48 246 ⏠soit une perte de prĂšs de 29 % !
Cependant, si Martin retrouve un emploi rapidement, il ne subira que peu cette baisse. En effet, sâil retrouve un emploi dans les premiers mois suivant son inscription, seule la baisse de lâindemnitĂ© journaliĂšre lâimpactera (environ 5%). Lâimpact dâune baisse de la durĂ©e dâindemnisation impactera davantage les chĂŽmeurs de longue durĂ©e.
Cela pourrait Ă©galement toucher les crĂ©ateurs dâentreprise đ€š. Comment? Câest ce que nous allons voir tout de suite.
Lâimpact des rĂ©formes de lâassurance chĂŽmage sur les dispositifs de soutien Ă la crĂ©ation dâentreprise
On ne le sait pas toujours mais les indemnitĂ©s chĂŽmage peuvent aider au lancement dâune activitĂ© entrepreneuriale (Ă condition de bĂ©nĂ©ficier des allocations chĂŽmage dans les conditions que nous avons vues). Deux dispositifs sont principalement utilisĂ©s :
Le cumul de lâallocation dâaide au retour Ă lâemploi (ARE) avec les revenus dâactivitĂ© non salariĂ©e : dans ce cadre, les indemnitĂ©s chĂŽmage constitue une âenveloppeâ venant complĂ©ter tous les mois, les revenus dâactivitĂ© du nouvel entrepreneur. Plus les nouveaux revenus seront Ă©levĂ©s, moins le complĂ©ment chĂŽmage sera important, et inversement. Ce dispositif fonctionne jusquâĂ Ă©puisement des droits, sans limitation de durĂ©e (Pour plus de dĂ©tails sur ce dispositif, vous pouvez consulter đ ce lien).
Lâaide Ă la reprise et Ă la crĂ©ation dâentreprise (ARCE) : il sâagit lĂ de la possibilitĂ© de verser un capital reprĂ©sentant 45% du montant total des indemnitĂ©s chĂŽmage auxquelles peut prĂ©tendre le demandeur dâemploi qui crĂ©e une entreprise (Pour tout comprendre sur ce dispositif, vous pouvez consulter đ ce lien).
Dans les deux cas, ces dispositifs semblent particuliĂšrement utiles aux crĂ©ateurs dâentreprise, selon lâĂ©tude menĂ©e par lâUnĂ©dic :
Dans la majoritĂ© des cas, nous constatons que ces aides sont importantes, voire dĂ©terminantes dans le projet de crĂ©ation dâentreprise. Ce nâest pas neutre lorsque lâon sait que prĂšs dâun tiers des crĂ©ateurs dâentreprise bĂ©nĂ©ficiaient de ces dispositifs en 2021.
Or, sauf surprise (nous attendons le dĂ©tail du prochain dĂ©cret) la rĂ©duction des indemnitĂ©s chĂŽmage induite par les derniĂšres rĂ©formes impactera dans les mĂȘmes proportions ces aides. DĂšs lors, on peut craindre que certaines entreprises ne voient pas le jour faute de soutiens financiers suffisants.
Nous lâavons vu, les derniĂšres Ă©volutions de lâassurance chĂŽmage ne sont pas forcĂ©ment favorables Ă toutes les situations. Câest un fait avec lequel il faut composer. Dans ces situations, plus que jamais, lâimportant est de savoir estimer le montant des droits auxquels lâon peut prĂ©tendre. Câest grĂące Ă cette donnĂ©e que lâon peut faire des choix Ă©clairĂ©sđĄ.
JâespĂšre que cet article vous a plu! Pour le complĂ©ter, je travaille actuellement sur lâĂ©laboration dâun petit simulateur que les abonnĂ©s pourront retrouver prochainement dans le drive partagĂ© avec les autres simulateurs.
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Vincent đ